Professionnalisation ?

Publié le par Thierry Berthou

Tout le monde sait ce que sont les bonnes pratiques en éducation car elles vont d'elles-mêmes. Comment expliquer autrement le silence assourdissant qui tient souvent lieu de réponse dès que l'on évoque la formation intellectuelle de nos élèves ou la formation des adultes en charge de les enseigner.  Il y a également, à ce que l'on dit, quelques millions de spécialistes de la chose éducative en France. C'est assez simple : les élèves et les enseignants sont des sortes de vases que l'on remplit (de préférence à ras bord car il ne faut rien perdre). Les moins poreux s'en sortent dit-on.

Celles et ceux qui n'ont pas encore renoncé à travailler sur leurs propres fictions et ambitionnent légitimement de développer une plus grande autonomie professionnelle, savent que la réalité est bien plus complexe et que le simplisme,
s'il profite de tout, ne bénéficie au final à personne. Sur le thème de la professionnalisation, on lira avec intérêt et profit l'article de Françoise Lantheaume paru dans le numéro 57 de la revue " Recherche et Formation". [...]  la logique de l'efficacité et son souci de performances mesurables référées à des standards (de plus en plus définis au plan international depuis les années 1990), produit le même déni de la singularité de l'action que la logique civique, la diffusion de "bonnes pratiques" normatives en est l'illustration."
Et la conclusion :
" La professionnalisation aussi bien que la déprofessionnalisation (Maroy, 2006) actuellement observées ne peuvent améliorer la qualité du travail des enseignants quand le travail réel est occulté. Le débat de la professionnalisation s'est polarisé sur les moyens de transformer le travail des enseignants de l'extérieur (par la prescription, l'évaluation, la formation). Comme l'écrit Goodson :" la configuration mouvante des modèles et des théories du changement nous a fait rompre avec une croyance assurée dans la capacité des professionnels à générer des transformations de l'intérieur au profit d'une proclamation triomphaliste plébiscitant une réforme imposée de manière exogène." (2003, p. 116).

L'émergence du travail et du concept d'activité a plutôt mis en avant la part d'autonomie indispensable à la qualité du travail et condition d'une professionnalité inscrite dans l'histoire d'un métier. Or, la professionnalisation a été le moyen aussi bien de justifier le renforcement de la compétence et de l'autonomie des enseignants que de favoriser de nouvelles formes de contrôle de leur activité (van Zanten, 2004), créant ainsi une situation paradoxale. De plus, les politiques internationales fondées sur la production de standards, pour l'évaluation et la définition de "bonnes pratiques" peuvent déssaisir les professionnels de leur responsabilité propre en valorisant la logique instrumentale, celle du geste technique au détriment du geste professionnel."

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